REGROUPEMENT INFORMEL DE TROIS ARTISTES DU MULTIPLE

Gravure sur bois / deux couleurs : orange/bleu
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Papier : Fuyang 25g, 35×24 cm
MULTIPLE DE TROIS est le regroupement informel de Roby Comblain, Xavier Michel et Olivier Deprez. Cette association bien qu’elle résulte d’abord d’une rencontre artistique et amicale est aussi et surtout une réponse à la nouvelle situation créée par la pandémie. Si la dite « normalité » paraît en voie d’être restaurée, la dégradation des moyens d’existence des artistes n’en demeure pas moins aiguë. Tout ce qui a été annulé et/ou reporté le demeure. Le cadre de nos projets divers et variés (résidences, expositions, publications, etc) est soit fragilisé soit effondré de façon substantielle.
Dans cet espace électronique du blog, nous voulons répondre à cette situation « normalisée ». D’une part continuer à affirmer notre recherche artistique et d’autre part, mettre en vente des oeuvres de façon à nous permettre de continuer cette recherche.

Loin de n’être qu’une simple juxtaposition de trois singularités, le Multiple de trois entend être un lieu de partage, d’échange et de solidarité artistique. Dans cette perspective, les recherches de chacun ne peuvent que relancer la recherche de tous. Ainsi, pour Xavier Michel, ils ‘agit d’interroger les nouvelles pratiques du livre, de l’édition, de l’image imprimée, ses usages et processus qui le dessinent. En complément des outils numériques, la présence des machines dans le studio permet une approche intégrée au processus créatif. Pour Roby Comblain, l’atelier, ouvert au public, est conçu comme un espace d’échanges et de dialogues, il s’articule autour d’impressions variées (xylogravures, linogravures ou monotypes), et souvent de grands formats. La gravure y est aussi affirmée comme un objet tridimensionnel. Pour Olivier Deprez, la gravure sur bois prend place dans un dispositif narratif/anti-narratif transmédial d’enquête archéologique tout en s’affirmant comme un objet social. L’image xylogravée se définit d’abord comme un tissu de liaisons. Liaisons entre les images, entre les pratiques, les supports et liaisons entre les gens dont les ateliers nomades témoignent. Pour chacun de nous, la transmission des savoirs est un enjeu qui se matérialise via des ateliers ou via l’enseignement dans une école d’art.
Enfin, nous souhaitons qu’une place soit faite à la réflexion. Réfléchir à propos de nos recherches respectives, mais aussi réfléchir au contexte dans lequel se constitue le sens même de nos pratiques. Par exemple, des slogans remplis de bonnes intentions ont affirmé au plus fort de la pandémie qu’il n’y a pas de futur sans culture. Ou bien dans un autre registre, des groupes d’artistes se fédèrent pour réclamer un statut de travailleur artistique. Or il ne va pas de soi ni que la culture garantisse vraiment le futur ni que l’artiste doive se muer en travailleur de l’art. D’un côté, l’on accorde un peu trop vite à la culture un blanc seing qu’elle est peut-être loin de mériter, de l’autre on réclame pour l’artiste un statut que la centralité du travail dans notre société marchandisée rend pour le moins problématique. Plus largement, les contestations sociales qui se sont généralisées partout dans le monde depuis les printemps arabes et toutes les différentes menaces qui pèsent sur l’humanité – du nucléaire au changement climatique en passant par l’intelligence artificielle – nous obligent à intégrer au coeur de nos pratiques, d’une manière ou d’une autre, la question de la radicalité, du soulèvement et du dépassement de la forme sociale capitaliste. En tant qu’artistes, nous pouvons et nous devons le faire à partir de nos expériences et de nos pratiques en dialogue avec les visiteurs / visiteuses et les lecteurs / lectrices de ce blog.